- patoiser
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• v. 1285; probablt du rad. patt- (cf. patte), exprimant la grossièreté1 ♦ Parler local, dialecte employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant (qui emploie la langue commune). ⇒ 2. parler; dialecte, idiome. Le patois d'une région, d'un village. Parler patois, en patois (PATOISER v. intr. <conjug. : 1> , 1834 ). Paysans qui parlent patois. ⇒ patoisant. Le curé « l'entretenait en patois, parce que Jean, étant sans instruction aucune, ne savait même pas parler le français » (E. Le Roy). — Adj. Mot patois. Versions, variantes patoises d'un mot.2 ♦ Par ext. Langue spéciale (considérée comme incorrecte ou incompréhensible). ⇒ argot, 1. jargon. « Il lui défila de nouveau son jargon romantique; [...] il lui parla [...] en patois séminariste » (Baudelaire).⇒PATOISER, verbeA. —Empl. intrans. S'exprimer en patois; mêler son langage de traits de patois. Anton. franciser. La diligence me conduisit à Granville. Le père Gonse m'y attendait (...) il montrait une grande capacité de boire et de gagner (...) et tout en patoisant, contait aussi bien que Béroald de Verville (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.406). Ces auteurs de romans rustiques qui, à force de patoiser, glissent à un jargon où les champs ne se reconnaîtraient pas mieux que la ville (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p.82):• ♦ Non seulement les écoliers entre eux parlaient toujours patois, mais l'instituteur était souvent obligé, pour se faire comprendre, de leur donner des explications en patois. Il ne patoisait pas systématiquement; il en aurait d'ailleurs été souvent assez empêché. Il s'efforçait de franciser.L. FEBVRE, La Nationalité, [1926] ds Combats, 1953, p.186.— Péj. Synon. de baragouiner. Les «petits Français» seraient remplacés en France par des petits Anglais, par des petits Allemands; ainsi chaque peuple, oubliant sa langue maternelle, irait patoiser chez son voisin: système excellent, grâce auquel les Européens, sachant toutes les langues, n'en sauraient parfaitement aucune (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.79).B. —Empl. trans., rare1. [Avec un compl. d'obj. interne] Patoiser le patois. S'exprimer en patois. Elle patoise à tout moment le patois de son pays:mes peti henfants. C'est sa manière d'être drôle et comique (GONCOURT, Journal, 1864, p.55).2. Parfois péj. Mêler (ses propos) de termes imprévus ou inintelligibles. Les locutions particulières (...), ces phrases bizarres, souvent patoisées de façons de dire hardies et pittoresques, sont une grâce nouvelle et un peu hasardée, mais dont l'auteur a usé (BAUDEL., Art romant., Contes normands, 1845, p.379).REM. Patoiseur, adj. masc., hapax. Synon. de patoisant. Les gars de province, comme ils sont amusants et gentils avec leur roulement d'r et leur jargon patoiseur! (PROUST, Temps retr., 1922, p.807).Prononc. et Orth.:[patwaze], (il) patoise [patwa:z]. Étymol. et Hist.1. 1834 trans. «exprimer en patois» (BOISTE); 2. 1834 intrans. «parler patois; imiter le patois» (ibid.); 1864 part. prés. subst. «personne qui s'exprime en patois» (BARBEY D'AUREVILLY, Un Prêtre marié, p.22 ds QUEM. DDL t.4); 1893 part. prés. adj. (VERLAINE, OEuvres compl., t.5, Quinze jours en Holl., p.202: le poète patoisant); 1870 (GONCOURT, Journal, p.638: un bourdonnement patoisant). Dér. de patois; dés. -er.patoiser [patwaze] v. intr.ÉTYM. 1834; de patois.❖♦ Parler patois; employer des mots, des tournures propres à un patois.0 (…) sœur Perpétue était une forte religieuse, de Marines, près Pontoise, patoisant, psalmodiant, bougonnant (…)Hugo, les Misérables, I, VII, I.❖DÉR. Patoisant.
Encyclopédie Universelle. 2012.